Pour la Saint Valentin 2022 (12, 13 et 14 février) l’artiste franco-palestinien Abdul Rahman Katanani présente une nouvelle exposition personnelle à la galerie Analix Forever, intitulée « La Vie » et dédiées aux femmes.

En parallèle, dans l’espace Art & Musique, la photographe d’origine iranienne Maryam Ashrafi présentera, pour la première fois en galerie, une sélection des se photographies de femmes kurdes.

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Abdul Rahman Katanani revendique la liberté, mieux, toutes les libertés, car toutes lui importent : la liberté du corps, celle de l’amour, et la liberté des femmes.

Pour exprimer cette exigence de liberté, Katanani, en artiste qu’il est, crée des œuvres. Pour affirmer la liberté des femmes, l’artiste représente la femme dans sa plus somptueuse beauté : il sculpte des vulves. En bidons de pétrolées coupés, pliés, froissés, écrasés, soudés, rehaussés, multicolores, il représente tous les plis et toute la pulpe que la nature a inventés pour la vulve, pli après pli, mystère après mystère, beauté après beauté. Des vulves en tôle, donc, de vulves noires, bleues, rouges, vertes ; des vulves explicites. Toute la beauté de l’anatomie est là, précise, poétique, individuelle et diversifiée, voluptueuse et libre

Cette série d’Abdul Rahman Katanani procède d’une volonté éminemment politique de montrer ce qu’on cache. L’artiste refuse la volonté culturelle séculaire de considérer la vulve comme honteuse. au contraire, il veut lui rendre hommage. elle de mettre la honte là où elle n’a aucunement lieu d’être.

Une manière de rendre hommage, une manière de dire merci. Ne plus cacher. Refuser la volonté culturelle séculaire et presqu’universelle de mettre la honte là où elle n’a aucunement lieu d’être.

« Je viens d’une culture de la pudeur, où il faut couvrir, explique Abdul Rahman Katanani. Une culture récente mais violente, dans laquelle la vulve est considérée comme honteuse. Mon travail est subversif parce que je la regarde et je la représente comme je le ferais pour un visage,

« Je ne la regarde pas la vulve comme un organe séparé du corps. Je la regarde en harmonie avec l’ensemble du corps et en harmonie avec les courbes de la terre. Mes vulves ressemblent à des fleurs, elles ressemblent à quelque chose de très naturel, de très beau, qu’on peut voir tous les jours dans la nature. Elles sont des fleurs. Elles parlent de la beauté de la nature, de sa puissance, de sa fierté. Quand on regarde mes vulves, on se pose la question : “Est-ce une fleur ou une vulve ?“ En réalité c’est une fleur et une icône sexuelle. Mes vulves représentent la vie.

Abdul Rahman Katanani ne se veut donc rien moins qu’un acteur de la libération de la femme – et de l’homme, par conséquence, comme l’entendait Charles Fourier[1]. Katanani est en réalité profondément féministe. On le savait humaniste. Mais qui est humaniste est forcément féministe. Humaniste et féministe, inséparables synonymes. En « fouriériste » convaincu et activement engagé, Katanani estime que la liberté des femmes passe par la liberté de leur corps et que la liberté des hommes est en réalité subordonnée à la liberté des femmes. Abdul Rahman Katanani, après Charles Fourier.

Katanani revendique pour la vulve un statut égal à celui du phallus

comme le fait aussi Georges Devereux[2]

La pleine lumière dans laquelle Katanani expose ses vulves revendique clairement une place centrale, nouvelle, révolutionnaire, transformative, de la femme.

mais pour l’artiste, elles relèvent avant tout d’une position esthétique et philosophique. Ses vulves ne sont pas d’abord des objets sexuels ; elles sont bien plus que ça, des représentations d’une idée, une idée de la femme globale, une idée de la nature. Pour lui, la femme est le centre du monde. Un centre poétique, dit-il. Qu’il met en pleine lumière. La mise en lumière des vulves d’Abdul Rahman Katanani évoque une autre érotique : celle de la puissance. Un érotisme qui n’a pas besoin de voile, émerveillé qu’il est par la puissance et la splendeur naturelle de la vulve – de la vie. La vulve en gloire.

Les fleurs

la joie

le fil de fer barbelé

La ceinture de chasteté, c’est le contraire de la vulve en gloire. C’est une pratique qui date des Croisades, approuvée à l’époque par la papauté, qui consistait à entourer le bassin de la femme d’une ceinture de métal qui l’empêchait d’écarter les jambes, et qui ne pouvait être retirée que par le mari – si jamais il revenait des Croisades. Il s’agissait de s’assurer que les femmes n’allaient point « trahir » leurs époux absents en leur absence. On rapporte que les nobles femmes d’alors étaient fières de mettre cette ceinture… mais c’est affreux en réalité, c’est comme cacher les fleurs avec du fil de fer barbelé ! Ou ceinturer des fleurs avec du fer… 


[1] Charles Fourier,

[2] Georges Devereux, Baubo, La vulve mythique, Payot essais, 2021.